Alixia Meinzel
Le Gainsbarre, hommage à l’artiste et nouveau sacro-saint des nuits parisiennes
Gainsbarre: new place to be parisien, rive gauche
Intrigant, fascinant, envoûtant, mystique presque, le Gainsbarre est à l’image de l’artiste, Serge Gainsbourg, déroutant. Ce lieu est à découvrir, plus qu’à décrire. Les mots les mieux choisis ne seraient pas assez justes pour le définir entièrement. Derrière sa porte noire, il est à la fois secret et accueillant, un tantinet sulfureux comme on aime. Au 14 rue de Verneuil, des lettres argentées surplombent la façade, comme un autel. Une large porte noire s’ouvre sur une indicible pénombre, le passage, soutenu de faibles lumières, guide vers le bar en bois noir.
Entrée.
L’action se développe comme une procession : on défile le long du couloir où sont exposés photos, notes personnelles, livres commémoratifs et une veste de costume Yves Saint Laurent, de l’artiste car on est bien dans la dernière demeure de Serge Gainsbourg. On pourrait presque sentir la fumée de la cigarette, indissociable accessoire du maître des lieux qui formait dans l’air autour de lui ce halo presque mystique,
Au fur et à mesure qu’on foule le sol en damier noir et blanc jusqu’au salon principal, les parois nous enveloppent dans une ambiance plus intime, marquée par les tapisseries noires, desquelles surgissent cadres et miroirs, que nulle lumière ne pointe directement, afin de ne déranger ni les regards ni les images. Une dizaine de tables, noires elles-aussi, occupent l’espace et s’entourent de hauts fauteuils en velours. D’un côté, deux amants se murmurent on-ne-sait-quoi, de l’autre des amis parcourent la carte de cocktails qui offre l’embarras du choix : les favoris de Serge, les cocktails signatures et des breuvages oubliés.
Au centre du bar, assis face à une vitrine de spiritueux, on observe le mixologue exercer des prouesses et on se tutoie, on rit discrètement, on se raconte des histoires. Léger balancement sur le tabouret, façonné d’après le siège de piano original de Serge, tout en étudiant les gestes d’Arnaud qui, derrière le bar, assemble, mélange et secoue un « Rome with a View. »
« J’ai ajouté une larme de gin. Je le samedi-soirise!” Merci beaucoup.
Tandis que la musique hypnotique de Florent Garcimore au piano monopolise l’attention. Les notes flirtent avec une certaine impertinence et se réalisent dans la justesse et la maitrise presque “robotique” de chaque geste. Chacun participe, fredonne. On se laisse alors entraîner par les voix timides, dissipées de part-et-d’autres de la pièce, mais qui s’unissent grâce aux paroles bien connues de grands classiques de la chanson française. La nuit passe comme un éclair dans le décor noir tamisé, c’est ça le Gainsbarre et c’est addictif.
14 rue de Verneuil
75007 Paris