Françoise Spiekermeier
Italie : une balade à Noto en Sicile
En Sicile, Noto est un secret bien gardé, celui d’esthètes ne pouvant se résoudre à l’invasion de la laideur dans ce monde. Leur passion pour la beauté est à l’origine de la renaissance de palais abandonnés tombés en ruine au fil de générations. En apportant leur pierre à l’édifice, l’une des plus belles cités d’Italie retrouve sa splendeur. Construite en calcaire aux reflets dorés et solaires, la cité émerge d’une campagne odorante bordée de citronniers, d’oliviers et d’amandiers. Balade.
L'explosion à l'origine de Noto
Il a suffi d’une explosion de roche et de feu brûlant tout sur son passage, le 11 janvier 1693, créant une nouvelle page blanche sur ce un rocher cristallisant l’envie des architectes de fonder une ville dont la splendeur rendrait jaloux les dieux de l’Olympe. De cette recherche de beauté, ici est née l’harmonie parfaite, parfois grâce à l’art de manier l’illusion, la perspective ou le trompe l’œil… D’un claquement de doigts, les artisans italiens ont créé des balcons en fer forgé bombés « en poitrine d’oie », des façades décorées de mascarons, de putti, têtes de faunes souriants, de dauphins et chimères. D’un rêve devenu réel, rien n’a échappé à la transmutation alchimique dans le minéral pour abriter le destin des grandes familles patriciennes aux visions ambitieuses.
Les plus beaux palais de Noto
Au gré de pêches au thon miraculeuses, la richesse des palais ne connait plus de limites. Le Palazzo Nicolaci, à l’architecture baroque en est un bel exemple. En grimpant la Via Nicolaci menant au parvis de l’église di Montevergini, reconnaissable à sa façade concave, impossible d’échapper à l’attrait des visages de sirènes, angelots, lions ailés sculptés dans les balcons et classés au Patrimoine de l’Unesco -comme l’ensemble de la cité. La visite du piano nobile, les appartements nobles du premier étage, dévoile le cadre de vie de la famille aristocratique la plus puissante de Noto entre les 17 et 19è siècle.
Majestueux escalier, série de salons en enfilade… le visiteur débouche dans la salle de bal décorée de riches tentures colorées reproduites sur papiers peints. En se penchant par la fenêtre de la chambre des artistes, quelle vue fabuleuse sur les toits de la ville !
Les magnifiques églises de Noto
Lors d’une visite de la ville, empruntez La Via Nicolaci grimpe en flèche vers la via Cavour, dans le cœur ancien de Noto. Les nobles palais se répartissent sur un plan urbain au tracé rectiligne, où églises, presbytères, couvents, une multitude d’édifices religieux sortis d’un rêve baroque servent l’orientation. C’est la générosité de la noblesse envers les ordres religieux locaux qui permit cette profusion d’églises de toutes dimensions. Certaines désacralisées, servent d’ateliers aux peintres de la ville. Une autre, la Chiesa di Sant’ Agata, dessinée par Rosario Gagliardi, jouxte l’ancien monastère des Bénédictines. Merveilleusement restaurée par Fabiola et Marco Avanzi, un couple milanais à la pointe de la mode, c’est un tout nouveau concept store dédié à l’art de vivre, où les modèle de Balanciaga ou Emilio Pucci côtoient des objets de design intérieur telles les céramiques ésotériques de Fornasetti : véritable bijou, la boutique Santagatha Pozzilei vaut le détour, via Trigona. Si vous êtes de passage, n’hésitez pas à faire un tour.
Jet set à la sicilienne
L’aventure sicilienne de Jean-Louis Rémilleux, comme un appel à la beauté retrouvée, inspire les personnalités de la jet set. L’esprit palazzo est en pleine renaissance: la comtesse Marie-Laure de Fels a restauré un ancien presbytère agrémenté d’un jardin parfumé au jasmin. Le photographe Mario Testino a acheté une grande ferme dans le val de Noto. Pour le célèbre décorateur Jacques Garcia, l’aventure sicilienne se nomme villa Elena. Perchée sur les hauteurs dominant la vallée de l’Asinaro, les terrasses de sa « folie » ouvrent sur un sublime panorama avec en point de mire les coupoles d’églises de Noto. Son talent de bâtisseur a trouvé là un terrain d’inspiration dont sont sorties une poignée de villas d’un luxe raffiné destinées à des séjours d’exception.
Les plus belles villas de Noto
L’agence The Thinking propose aux visiteurs des maisons à louer pour vivre comme les siciliens. Sur les collines environnantes, les bergers cèdent peu à peu le terrain à de somptueuses résidences contemporaines conçues pour les voyageurs comme des pieds à terre pour aller visiter Syracuse, l’île d’Ortegia, Raguse, Modica et autres splendeurs baroques du Val di Noto.
La Tenuta Falconeri dominant la côte sud-est de l’île, surplombant la mer Ionienne non loin, avec ses vastes terrasses à l’ombre d’oliviers centenaires, évoque l’architecture hispano-arabe, avec de luxueux intérieurs ouvrant sur des pelouses émeraude.
Louée par The Thinking Traveller, l’agence dédiée à la location de maisons luxueuses et exclusives, spécialiste dans le bassin méditerranéen, de l’Italie, notamment la Sicile et des Pouilles, de la Grèce et de la Corse, élue meilleure agence de location de villas au monde pour la 8ème année, la villa Tenuta Falconeri offre la possibilité de vivre à la sicilienne sans perdre de temps grâce aux guides de l’agence Thinking Traveller. Dotée d’une piscine toute en courbe avec une vue panoramique sur la vallée, et de 6 chambres dont deux suites au style épurée décorée de grands panneaux exotiques, d’une grande cuisine pièce à vivre, antichambre de soirées conviviales attablées dans la salle à manger ouverte sur les immenses terrasses, la villa installée dans un domaine de 40 hectares plantés de citronniers permet de se réunir en famille au calme, dans un un havre de paix, sans se préoccuper de rien si ce n’est son bien être.
Dormir à La Casa Vera plus proche de Noto
Aussi louée par The Thinking Traveller, La Casa Vera marie le béton poli et la pierre locale dans un prodige d’architecture contemporaine où les effets de clairs-obscurs évoluent au gré du passage du soleil. A l’intérieur, la sensation lisse du béton sous les pieds apaise. Le mur du salon revêtu de carreaux siciliens s’accorde à merveille avec des pièces de mobilier années 50 d’époque chiné aux puces de Catane, au pied du volcan. Un lieu parfait pour un séjour romantique en Italie.
Marcher sur les dalles volcaniques de Noto
Retour à Noto, le soleil est votre seul maître. Entrer dans Noto, c’est rentrer dans une sarabande aimantée par sa course. Remontez le Corso Vittorio Emanuele par exemple : l’artère principale de la cité, pavée de dalles volcaniques noires aux reflets argentés, donne le plan de la ville, surgi à l’Est, le disque solaire disparait tous les soirs pile dans l’axe de l’artère principale, pour réapparaitre à l’autre extrémité tous les matins. Au lever du jour, le spot idéal est le Chioscho della Cattedrale, un petit kiosque traditionnel où l’on sert un espresso très court avec une pasticceria et l’incontournable jus d’orange de Sicile fraîchement pressée au parfum paradisiaque : sous les ficus à l’épais feuillage, on admire la façade de la basilique changer de couleur jusqu’à l’éblouissement. A l’angle du Palazzo Ducezio devenu l’hôtel de ville une sculpture en métal et céramique est l’œuvre de l’artiste Sergio Fiorentino.
L’atelier du peintre Sergio Fiorentino
Parmi les nombreux sites à ne pas manquer à de Noto, se trouve l’atelier de Sergio Fiorentino occupe l’ancien monastère cistercien attaché à l’église Santa Maria dell’Arco. C’est aussi son lieu de vie, une histoire de rencontre. Les tâches de peinture jonchent le sol de pierre. Sur les murs mis à nu, de grandes créatures au visage bleu vous dévisagent avec douceur, comme des anges étranges captifs sur la toile. Le peintre évolue au milieu de ses œuvres qu’il présente avec une attention particulière, tissant en permanence sa relation avec elles. Ses couleurs de prédilection : le bleu cobalt, le rouge, comme les traces de fresques découvertes pendant la rénovation de cet espace où domine la pierre. Le dialogue s’installe et le peintre vous emmène dehors. Dans la rue, il vous emmène vers un autre palais, le palazzo Rau della Ferla, y rencontrer la photographe de mode Rosita Gia
Archivio la galerie de Rosita Gia au palazzo Rau della Ferla
La visite de Noto se poursuit à l’Archivio galerie et boutique, c’est l’antre de Rosita Gia, la complice artistique de Sergio Fiorentino. Elle est photographe et designer de mode. Sur des présentoirs aériens, ses modèles en soie semblent flotter, déclinant les couleurs du noir, au bleu sombre, et rose éclatant. Ils définissent une silhouette fine et délicate faite de replis pouvant laisser passer la main et dévoilant naturellement le galbe d’une cuisse. Sur les murs de sa boutique galerie, des photographies couleur ou noir et blanc, fruit de la collaboration avec le peintre. Aux heures les plus chaudes, les deux complices s’échappent vers la mer, ils jettent des toiles à l’eau et elle photographie l’effet du vent, la dérive des œuvres sur le bleu infini. Une création sur la création, en résonnance avec les éléments.
En dehors de la ville, la plage
Piégé dans la fournaise estivale de la cité de pierre, le promeneur a une issue : fuir dans la vallée, couper à travers les plantations de citronniers, rejoindre le Lido de Noto, et, au Beach Club de l’hôtel San Corrado di Noto… plonger dans la Méditerranée. Au soir, la ville aura retrouvé ses couleurs de miel, le moment bienvenu de déguster un limoncello, d’une citronnade ou d’un verre de marsala.