Plume avec Alixia Meinzel
Paris Rive Droite : au pied de la butte Montmartre, renaissance du bistrot Au Rêve
Rue Caulaincourt, le mythique café d’Elyette Ségard, "Au Rêve" renaît.
Comme un récit, un nouveau chapitre raconté autour d’un café, d’un verre de vin rouge, ou d’une bière au comptoir, Paris et son amour pour les bistrots est une histoire sans fin.
Au bistrot »Au Rêve », au pied de la butte Montmartre, leur relation fusionelle est contée, encore et encore.
Paris, son charme, ses quartiers vibrants, ses ruelles, ses avenues arborées, bourrées autant d’anecdotes que de personnes, de souvenirs intimes, de jardins secrets, Paris et ses bistrots et cafés gorgés d’histoires courtes, d’histoires interminables; la ville lumière, la capitale des amoureux qui préserve férocement ses mystères; la ville des plaisirs, festive, amusante et jamais fatiguée.
Paris se vit tous les jours passionnément, au gré des rêves qu’elle suscite et des envies qu’elle abrite comme dans ce bistrot de quartier.
« Au Rêve » a longtemps été une institution, un lieu de rendez-vous incontournable du 18e arrondissement, près de Montmartre où artistes connus ou pas et écrivains, tels que Patrick Modiano, Marcel Aymé ou Céline allaient et venaient, le temps d’un verre ou de quelques vers, comme Jacques Brel, qui y composa les paroles de “Ne me quitte pas”, en guettant le passage de sa douce Suzanne Gabriello, côtoyant les monteuses de Pathé cinéma, les journalistes de Libération, des dessinateurs de bandes dessinées et des habitants de la butte se mêlant joyeusement dans le brouhaha du café mythique.
Depuis le mois d’octobre, ressuscités par Clémentine Larroumet et Antoine Ricardou, la team Saint Lazare avec Mathieu Renucci, le coin du bar, la salle ou la terrasse deviennent tous les jours le théâtre quotidien de nouvelles histoires, de rencontres et autres anecdotes de quartier.
Dehors, les trois générations d’une famille déjeunent ensemble, à côté, deux amies partagent la tarte aux pommes maison, qui sent bon l’odeur sucrée des goûters d’enfant.
À l’intérieur, il semble que le temps n’ait pas touché le décor : les murs, la banquette, le bar, les étagères sur lesquelles foisonnent apéritifs et bouteilles d’alcool, décoration et menu du jour, l’atmosphère est la même, un brin dépoussiérée, relookée.
Le bar en bois sculpté est toujours là. Les banquettes d’origine ont été restaurées et les sols n’ont pas bougé.
Le néon bleu « Au Rêve » trône toujours fièrement à l’extérieur. En grattant une peinture marron héritée des années 2000, les architectes ont révélés une fresque en carrelage dissimulée jusque là. Une surprise.
Alors que certains paient l’addition, d’autres arrivent pour un déjeuner tardif. “Vous servez encore?”. “Oui asseyez-vous”, dans un va-et-vient incessants.
Juste à côté, au milieu du bar, deux habitués, amis de comptoir, parlent, argumentent et refont le monde. Et puis ils se rappellent le Paris d’avant, “quand c’était bien mieux”, assure le monsieur chapeauté d’un béret, avec une pointe de nostalgie, pointant une époque où la vie avait un caractère insouciant.
Puis on entend l’autre répliquer “mais non, regarde! Comme c’est sympa aussi aujourd’hui!”
Témoins des transitions, mémoire vivante des époques, théâtre de la vie quotidienne, les institutions comme » Au Rêve », sont chéries et sa renaissance fait du bruit.
Ici le déjeuner est “bien français”, comme le soulignent deux nouveaux clients curieux, charmés par leurs croques monsieur et leurs oeufs mimosa. Des classiques de la maison.
Le soleil d’automne illumine de ses rayons les recoins de la salle et effleure le bar en bois ciselé. La lumière est belle et ajoute un côté sépia, un peu rétro au décor.
Au fond, dans la petite salle tapissée de velours rouge, le déjeuner est encore servi. Dehors, sur la terrasse c’est le moment du café.
Rue Caulaincourt, Au Rêve, c’est la renaissance de la pure poésie parisienne.
Photos 1 à 5 ©THOMAS TISSANDIER
Photos 6 à 8 © ALIXIA MEINZEL pour PLUME TRAVELS