Madeleine Jelstrupp
City-guide de Strasbourg, l’épicurienne écolo alsacienne
Ecologique et cosmopolite, épicurienne, proche de la nature, la capitale alsacienne a bien des atouts. De l’Ill au Rhin en passant par ses musées, hôtels, winstubs et tables étoilées, elle déroule un art de vivre enchanteur et singulier. Premier centre urbain historique français à être inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, en 1988, poumon européen, la ville frontière recèle un patrimoine architectural incomparable, une énergie palpable et des adresses hautement recommandables.
Séjourner au tout nouveau Léonor
Demeure dès 1732 du Maréchal Léonor Marie du Maine du Bourg, gouverneur Général d’Alsace puis Maréchal de France, devenu tribunal après la révolution française puis palais de justice et commissariat jusqu’en 2009, le bâtiment historique retrouve de sa superbe en devenant l’hôtel le plus hype de la capitale alsacienne. La rénovation menée de main de maître par Jean-Philippe Nuel, à qui l’on doit la métamorphose de l’hôtel Dieu à Marseille et de la piscine Molitor à Paris, obéit à une volonté : tisser une histoire entre la pluralité des corps de bâtiments pour convertir un espace patrimonial en lieu de vie. Pari réussi… A peine franchie la majestueuse façade du 19e siècle, le lobby s’ouvre sur une immense cour intérieure transformée, dès les beaux jours, en terrasse. On y accourt pour savourer la carte imaginée par Nicolas Stamm et Serge Schaal, célèbre duo de la Fourchette des Ducs, table doublement étoilée d’Obernai. Servie uniquement au restaurant jusqu’au printemps, la carte reflète la signature de ces créateurs culinaires qui subliment le meilleur des ressources locales pour délivrer une cuisine de terroir, dont les solides bases classiques permettent de belles envolées créatives. L’accent alsacien rencontre les intonations d’une cuisine d’auteur, parfaitement exécutée par Axelle et Mathias Stelter. Les 116 chambres et suites s’inscrivent dans la même veine et puisent dans les couleurs de Strasbourg, une chaleur réconfortante. Le mobilier sur mesure hybride les usages et les papiers peints, réalisés à façon d’après des motifs retrouvés sur le site, apportent un élément décoratif enveloppant. Une thébaïde que les Strasbourgeois n’ont pas tardé à s’approprier !
Léonor
11 rue de la Nuée-Bleue,
67000 Strasbourg
03 67 29 29 29
Verser des larmes… de plaisir au Crocodile
Relais & Châteaux depuis 1984, c’est LA meilleure table de Strasbourg, que le chef Emile Jung avait jadis couronnée de trois étoiles. Trônant dans une vitrine, un crocodile – la légende raconte qu’un grognard l’aurait rapporté d’Egypte -, rappelle la dimension historique de la fameuse maison. En 2020, aux termes d’une rénovation complète, l’établissement s’est réinventé dans la continuité. Côté déco, Cédric Moulot, le maître de maison, a souhaité rester dans une sobre élégance : murs noirs, appliques Lalique, tables nappées mettent en valeur la grande fresque paysanne du XIXe siècle. En cuisine, le chef Romain Brillat, ancien second de Mathieu Viannay à Lyon et de Gilles Goujon à Fontjoncouse, tient le juste milieu entre classicisme et sophistication. En témoignent un travail original autour de la Saint-Jacques (noix, bardes et corail) et de la truffe noire et des plats plus classiques comme le turbot à la grenobloise. Sa partition vigoureuse, superbement maîtrisée et pleine d’entrain, lui a d’ailleurs valu de regagner immédiatement (et c’est rare !) le macaron auquel il avait renoncé en prenant ses fonctions…
Au Crocodile
10 rue de l’Outre, 67000 Strasbourg
S’encanailler chez Yvonne
Winstub fondée par Eugène Jacquemet en 1873 sous le nom de S’Burjerstuewel (la poêle des bourgeois), à l’époque où boire du vin était un signe de fidélité à la France, l’établissement doit son nom à Yvonne Haller qui l’a géré de 1956 à 2001. Véritable institution à Strasbourg, dont la notoriété dépasse largement les frontières alsaciennes, Chez Yvonne coche tous les cases de l’adresse authentique : vins en pichet, plats traditionnels généreusement servis, mobilier rustique, petits rideaux à carreaux et photos souvenirs de Boris Eltsine, Helmut Kohl, Johnny Hallyday, Jeanne Moreau ou encore Jacques Chirac… Son menu préféré ? Escargots en entrée suivis d’une choucroute, le tout arrosé d’un Gewurztraminer Grand Cru Kaefferkopf et d’une bonne Corona bien fraîche ! Mais on peut également se régaler d’un filet de sandre sur choucroute, d’une Maennerstolz « fierté de l’homme » (saucisse fumée), salade de pommes de terre ou d’un jeune coq au riesling, accompagné de spaëtzle.
Chez Yvonne
10 rue du Sanglier, 67000 Strasbourg
03 88 32 84 15
Dîner éco-responsable au Boma
Déco vitaminée et esprit sympathique, le Boma, « easy living hotel » ouvert en 2017, cultive un esprit décalé et bienveillant. A l’image de son restaurant qui sert une cuisine raffinée, rehaussée par des vins vivants et traditionnels sélectionnés par le chef étoilé Thierry Schwartz, et une programmation musicale live enlevée. Maud David, jeune cheffe formée auprès de Gérald Passedat et de Lionel Levy, y imagine une carte courte mais affûtée autour de 4 entrées, 4 plats et 4 desserts, sourcés, de préférence locavores mais toujours pimpés de saveurs méridionales. Dans l’air du temps, le menu flexitarien propose une cuisine maison, de saison, de cœur et anti-gaspillage où chaque produit est valorisé dans son intégralité. L’œuf bio mariné se marie au chou chinois nappé de kimchi ; le velouté du moment parfumé à l’huile d’herbes s’accommode sans contrefaçon d’un mélange de graines ; le carré de veau célèbre ses noces avec le rutabaga dans tous ses états et le chou-fleur s’offre une variation sans fausse note gourmande. Résultat ? Un véritable lieu de vie, rendez-vous privilégié des hôtes mais aussi des Strasbourgeois.
Boma,
7 rue du 22-Novembre, 67000 Strasbourg
tél: 03 90 00 00 20
Musée Tomi Ungerer, centre international de l'illustration
Du musée d’Art moderne et contemporain au palais de Rohan, l’offre culturelle est riche à Strasbourg parmi les musées traditionnels et historiques mais le choix de Plume Travels se porte sur le centre de l’illustration : outre les 14000 dessins que Tomi Ungerer a offert à sa ville natale, le musée dédié à l’artiste et à l’illustration abrite en ce moment la première exposition monographique d’Anna Haifisch en France. Jusqu’au 7 avril 2024, le musée met à l’honneur l’oeuvre poétique et graphique, de l’une des figures incontournables de la jeune génération de la bande dessinée qui met en scène des figures comme des souris fragiles, Walt Disney, Saul Steinberg et Tomi Ungerer en plein crise de nerfs au bord d’une piscine de maison de repos, exemple d’humour laconique et de scènes quotidiennes presque banales, son style décalé unique mise en oeuvre dans une technique mixte mêlant dessins, textes et bandes dessinées. A découvrir!
Musée Tomi Ungerer,
2 avenue de la Marseillaise, 67000 Strasbourg
Lâcher-prise aux Haras
Cette pépite du patrimoine strasbourgeois transformée en hôtel, brille depuis cinq ans d’un éclat inédit. Aux portes de la Petite France, Les Haras ouvrent un dialogue entre calme, confort et innovation sur plus d’un hectare. Derrière les façades classiques, le design et la gastronomie rivalisent d’audace. La brasserie confiée au chef doublement étoilé Marc Haerberlin propose une cuisine du marché très prisée. La déco signée Patrick Jouin et Sanjit Manku, y dompte des volumes hors normes : des gestes forts à l’image du magistral escalier circulaire, qui participent pleinement à son succès. Les chambres reprennent les mêmes codes en respectant l’intégrité architecturale de ces anciens Haras Nationaux, classés monument historique. Autour de matériaux naturels comme le bois, le cuir, les toiles de lin et de coton, l’ascèse des lignes et des formes nourrit l’élégance de ces cocons qui proposent au voyageur le luxe d’un temps à soi, comme suspendu : une invitation précieuse à la rêverie et au repos. Aujourd’hui, l’hôtel s’agrandit et gagne 60 nouvelles chambres, un spa et des salles de séminaire, aménagés dans un nouveau corps de logis rehabilité par Jouin et Manku. Reliée aux Haras par un tunnel au design bluffant, cette extension prend place dans un espace lumineux où règnent les belles matières et un art de vivre zen. En sous-sol, le spa de 450 m2 est une réussite architecturale conçue comme une enveloppe protectrice pour le corps. Dans les trois cabines, dont une en duo, les thérapeutes dispensent une kyrielle de soins Nuxe, spécifiquement développés pour l’hôtel. Le sauna et le hammam, tout en rondeurs, et la spectaculaire piscine de dix-huit mètres de long, ouverte sur un jardin creusé dans la roche, parachèvent l’expérience du lâcher-prise.
Les Haras
23 rue des Glacières, 67000 Strasbourg
les-haras-hotel.com/fr – 03 90 20 50 00
S’évader à l’hôtel La Diligence
Ravissante cité médiévale située sur la célèbre route des vins d’Alsace, Obernai est à une demi-heure de route de Strasbourg. Idéal pour un week-end dans ce petit village de carte postale qui compte deux restaurants étoilés au Guide Michelin, l’hôtel La diligence abrite derrière sa façade historique à colombages, 33 chambres. Aménagées par l’agence Frög, elles distillent un charme moderne et élégant. Au dernier étage, deux suites pour escapades romantiques. L’une, conçue tel un dédale qui mène à une chambre mansardée, domine les remparts de la ville. L’autre s’ouvre sur le spectacle enchanteur de la place principale d’Obernai où coule une fontaine face à l’église et à la Halle au blé… Au rez-de-chaussée, Le Comptoir propose une restauration légère et vitaminée où se restaurer sans-façon de mets simples et engagés, équilibrés et de saison dans une atmosphère design et chaleureuse. Beaucoup de produits locaux et une recherche assumée de la qualité et du bon.
Hôtel La Diligence
23 place du Marché, 67210 Obernai
hotel-diligence.com/fr – 03 88 95 55 69